19.4.13

Welcome to the 90's!

 

Etape suivante de mon escapade américaine: Portland, certainement la ville qui a le plus de surnoms en Amérique. La ville des roses (ça fleurit car il pleut beaucoup!), la ville des ponts, la ville du vélo, Beervana (en raison du nombre élevé de microbrasseries par tête de pioche), PDX...on a le choix! On peut rajouter aussi capitale des hipsters maintenant, un phénomène mis en avant dans la série humoristique Portlandia. Cette série, composée de sketches et menée par un couple jouant presque tous les personnages, a pour cadre principal et sujet la capitale de l'Oregon et dépeint ses habitants comme des barbus musiciens en chemise de bûcherons mangeant bio en jouant du rock alternatif. Dans le premier épisode, l'un des plus drôles, l'homme (un ancien du Saturday Night Live), confie d'un air émerveillé à son amie (jouée par l'ancienne guitariste de Sleater Kinney, Carrie Brownstein), qu'il y a un lieu aux Etats-unis où l'on peut toujours s'habiller et se comporter comme dans les années 90, et c'est Portland. Une sorte de faille spatio-temporelle en somme. Bien sûr, cette ambiance est palpable, mais pas tant que je l'espérais! Il y a aussi plein d'Américains moyens, voire très moyens à Portland!! Et je me suis surtout rendue là-bas pour l'atmosphère et non pour la beauté indescriptible de la ville ou ses lieux touristiques.

L'immeuble Portlandia Downtown.

La statue symbole de la ville:Portlandia.

Ni pour la météo d'ailleurs...J'avais eu la chance d'avoir un avant-goût de Portland en 2005 lors de mon chantier international dans l'Oregon, mais il devait faire grand soleil et 30 degrés...Rien de tout ça en ce mois de mars: j'ai essuyé bruine, averses et grêle (!!!), entrecoupées d'éclaircies, et les 10 degrés dans cette belle région qu'on appelle le Pacific Northwest me rappellent qu'à Edmonton, au moins, c'est un froid SEC...J'ai donc été frigorifiée pendant 3 jours, le froid humide transperçant mes épaisseurs, et j'ai regretté amèrement mon manteau canadien resté à la maison...

C'est sûrement pour cela que les habitants de Portland font de la bière et boivent beaucoup de café : pour se réchauffer à l'intérieur...Craig, mon nouveau meilleur ami de Portland et hôte couch-surfing, s'est beaucoup moqué de moi:pourquoi une fille qui n'aime pas le café, ne raffole pas de la bière et ne sait pas faire de vélo viendrait-elle à Portland?? Sans doute car les groupes locaux vendent encore leur musique sur des cassettes audio et que je dois être encore la seule à posséder un lecteur cassettes?? Il a même essayé de me faire goûter le café latte par lequel il jure, mais rien à faire, j'ai 30 ans et je crois que je ne boirai jamais de café ni de vin rouge comme une adulte...

Justement, à mon arrivée, j'ai été accueillie par mon chauffeur Craig et j'ai posé mes bagages dans son adorable petite maison verte : il l'a entièrement retapée depuis 5 ans qu'il en est propriétaire, et à mon retour des toilettes, je savais qu'on allait bien s'entendre. Il y a en effet accroché un poster de Bjork qui me rappelle ma jeunesse et mon abonnement au magazine anglais Select (toujours les 90's quoi).


Craig est webdesigner et a décoré avec beaucoup de goût son intérieur où je me serais bien installée héhé.

Le canapé où j'ai dormi comme un bébé.

La pièce principale chez Craig.
Premier contact avec la restauration portlandaise, The Tin Shed, située sur la branchée Alberta Street (j'ai quitté l'Alberta pour la retrouver,il semblerait!): il est spécifié sur les menus que les poulets servis dans vos assiettes ont été élevés en plein air et ils ont même...un menu pour chiens!! Non non, vous ne rêvez pas! Comme ils ont un patio, certains restos de Portland acceptent les chiens,et beaucoup de gens (je veux dire pas seulement des familles avec enfants, mais des couples ou des célibataires, même des jeunes, ce qui est beaucoup moins commun en Europe) les amènent donc. Ça me fait encore penser à Portlandia: dans le premier épisode, un couple va jusqu'à demander à la serveuse du restaurant la fiche d'identité du poulet qu'ils vont manger, son nom et s'il a été heureux à la ferme...Hilarant!
Qu'il est bon d'être en Amérique du Nord, rien que pour le fait de pouvoir manger à n'importe quel moment de la journée, notamment des petits-déjeuners! Et quand je dis petit-déj, ça peut ressembler à une omelette avec viande et légumes + toasts. La viande ou les oeufs étant toujours remplaçables par du tofu, car on est en Amérique du Nord et que les végétaliens sont vraiment pris en considération ici.
A Portland, il y a aussi une tradition assez incompréhensible du fait que le temps est généralement pourri: la mode des food carts, autrement dit la baraque à frites qui ne vend pas que des frites, en plein vent, à plusieurs coins de rue. Vous pouvez manger mexicain, éthiopien ou encore indien sur le pouce.

Les food carts.
Autre exemple de restauration sur le pouce sur Alberta Street:à l'abri dans un vieux bus ou dehors sur des tables de pique-nique.

Craig est quelqu'un de calme et réservé qui contraste assez avec le Kennard surexcité que je viens de quitter à SF, mais on a eu plein de choses à se raconter pendant 4 jours, ce qui rend les adieux toujours un peu étranges, car on ne peut que se faire la promesse de voyager à nouveau pour se revoir...Il est originaire de l'Arkansas mais ne veut pas y retourner (on le comprend non?), depuis 12 ans qu'il a élu domicile à Portland après des études à...Olympia, Washington.Ouiiiiiii! Courtney Love n'est pas la seule à pouvoir chanter "When I went to school/ in Olympiaaaaa!!!". Haha, c'est énorme! Il a notamment été bluffé qu'on ait un festival "Keep Portland weird" en France, dénotant la popularité croissante de la ville sur la scène musicale et tendance. L'un de ses amis connaissait le festival, par le biais d'un ingé son y ayant participé. Ici, tout le monde cool a un peu un pied dans la musique, et même si Craig est plutôt passé à la photo, il a dans une pièce de sa maison une batterie et tout un tas d'instruments! Et quand dans le bus j'ai croisé une jeune femme ayant un tatouage (autre grande caractéristique locale) sur le poignet et que j'ai essayé de le déchiffrer, c'était "either/or". Cela pourrait avoir n'importe quelle signification, sauf qu'à Portland, c'est forcément une référence au troisième album de notre regretté génie fragile Elliott Smith disparu en 2003 qui a vécu dans cette ville.
Portland a la réputation d'attirer les musiciens car les loyers peu élevés permettent de louer plus facilement un garage ou un sous-sol pour répéter.

J'ai passé ma première après-midi à tenter de maîtriser un exercice difficile: tenir en même temps un parapluie et un guide de voyage, le tout avec des moufles. Au bout de 10 minutes, on a juste envie de rentrer se réchauffer dans un café. 

Malgré la pluie, c'est tout de même le printemps!

L'un des nombreux ponts de la ville enjambant la Willamette River.
Le centre-ville compte les habituels buildings modernes, ainsi que de beaux exemples d'architecture plus ancienne (fin 19ème s, Arts Déco, style industriel) entre lesquels se faufile le tramway.

Spéciale dédicace à Fanny: je crois que ce sont des loutres!




Si on regarde cette photo avec attention, on peut même apercevoir la pluie tomber!

Une Ford Thunderbird!

J'adore cette typo!

Le très coloré PICA (Portland Institute for Contemporary Art), juxtaposé à une de mes occurrences urbaines préférées: la publicité peinte sur mur de briques (et il y a le choix à Portland!).
Après quelques heures à errer dans un Portland qui ne ressemblait pas à mes images d'Epinal (si je puis dire), après avoir croisé plein de strip-clubs dans un quartier pas terrible (Craig m'apprendra ensuite que l'Oregon considère le strip-tease comme une liberté d'expression et Portland est donc réputée pour voir ce genre d'établissements pulluler), aussi trempée qu'un chien mouillé, je découvre enfin plusieurs symboles de Portland dans le même périmètre, là où commence MA ville. Je passe environ 45 minutes dans un minuscule magasin de bidules (bijoux, artisanat, T-shirts sérigraphiés) qui fait aussi label local (donc vendant des cassettes) en m'extasiant devant chaque article (des cartes postales estampillées "don't shave off your beard" ou un body prêt pour sa deuxième vie grâce à un écusson à coudre soi-même pour mon futur neveu). Tender loving empire.

Le fameux body et la carte pour ma soeurette!

La vendeuse super jolie super lookée me conseille d'aller me sécher au Clyde Common, un bar-restaurant branché juste à côté. En sirotant mon verre de vin au bar, je médite sur ce que je viens de voir dans le lobby vintage de l'hôtel voisin: un Photomaton à poses multiples! Oui, pour 4 $, on peut encore se faire tirer le portrait de 4 manières différentes. Ce fut l'acte manqué de ce séjour, car j'ai littéralement tanné Craig pour en faire et soit par manque de temps ou de carte de crédit (j'avais pourtant économisé mes billets de 1$ exprès), ça n'a jamais fonctionné. On a failli se servir d'un Photomaton situé au beau milieu d'une salle de concerts le jour suivant, l'idée est terrible je trouve: j'imagine bien un Photomaton à Stereolux ou au LU!

Cette trouvaille ne pouvait mieux tomber car on avait prévu de profiter d'une autre tradition portlandaise: aller voir un film dans un de ces cinémas qui vous donnent l'impression d'être dans votre salon, comme le Living Room Theaters juste en face. Non seulement car ce sont souvent des films étant sortis plusieurs mois ou années auparavant, mais parce qu'on peut commander de la nourriture, se la faire servir dans la salle obscure grâce à un numéro de siège et manger pendant le film!! Et outre le pop-corn, ça peut être une pizza, un hamburger ou une trempette d'artichauts (mon choix, délicieux!). Craig m'a donc rejoint pour voir le film oscarisé de Ben Affleck, Argo: c'est ce que j'adore dans le Couchsurfing, avoir l'occasion de faire des trucs qu'on ne ferait jamais en tant que touriste, comme aller au cinéma! 
On a fini par noyer la pluie de Portland au bar du Red Fox qui passait Portishead version 1998 ce soir-là, il fallait bien être raccord avec la météo!

2 commentaires:

Anaïs a dit…

Ooooh! Je guettais...
Portland est donc presque le paradis sur terre avec une météo des plus anglaises alors?! Je te jalouse encore une fois!
D'ailleurs Fred Armisen est toujours un régulier du SNL et fin 2012/début 2013 l'un de ces Photomaton est apparu...au LU! Je ne sais pas s'il y est encore mais je l'ai loupé moi aussi!

arienette a dit…

Sérieux??Je ne savais pas pour le Photomaton!!Tu as toujours tes espions à Nantes...Merci pour la rectification sur le SNL,je vois qu'il y a encore plus pro que moi!!J'arrive avec la suite sur Portland!!tatata