12.6.10

Rien écrit depuis le début d’une nouvelle décennie, et pourtant que d’émotions et de choses vécues…
En attendant d’aller taquiner le buzzer jeudi sur le plateau de Questions pour un champion, voici quelques pensées pêle-mêle depuis ce Concert de Bill Callahan, le 11 février à l’Olympic-Nantes.
Concert magique comme il n’y en a plus beaucoup. Hormis les pointures comme Arcade Fire, Indochine ou The National, on ne s’attend plus aux émotions folles en concert, et on aurait tort de bouder ces surprises.
Malgré les bien-aimés My name is nobody (ce soir-là, la traduction du nom du groupe m’a frappée : "Mon nom est personne"…) en première-première partie, le temps est long jusqu’au moment où le Texan et son unique acolyte batteur pénètrent sur la scène. Mais c’est le début d’1h30 intenses.
Bill me fait l’impression d’un Paul Banks (nda le chanteur d’Interpol) de 43 ans : le cheveu blond tirant sur le gris, la mèche sur le côté, les yeux bleu délavé, les pommettes hautes qui viennent enfermer les yeux dans des rides d’émotion et de ferveur, la cravate noire sur la chemise blanche froissée, le pantalon et les chaussures, noires aussi. L’attitude est désinvolte, pince-sans-rire, presque hautaine, mais dans le même temps bienveillante. Une sorte d’élégance décalée, comme pour le batteur, en costard, mais pieds nus. Rarement batteur m’impressionnera autant par son jeu méticuleux et son implication, Chris Bear (Grizzly Bear) mis à part bien sûr…
Et puis c’est la voix profonde et grave de Callahan, à la Matt Berninger (The National), qui emporte tout sur son passage. En réécoutant des anciens albums de son groupe d’un seul homme depuis près de 20 ans, Smog, je me suis aperçue que la marque du temps sur ce timbre est loin d'avoir des désavantages: elle donne aujourd’hui des frissons. Comme chez The National aussi, les paroles sont parfois débitées sur un ton monocorde, sans aucune émotion semble-t-il, mais pleines de sensibilité et d’urgence. Les ‘oh oh oh’ dans le morceau « Bathysphere » sont tout simplement énormes, renforcés par le minimalisme de la formation du soir (sans violon par exemple).
Bill joue des passages aux motifs de guitare répétitifs réalisés en arpège le plus souvent, trois doigts seulement, en picking, le reste de la main immobile, comme le reste du personnage, quoique. Quand il ne reste pas immobile, il se meut de façon saccadée, en effectuant de petits pas ou un grand écart sur place, presque à la Ian Curtis, le rendant ainsi attachant, presque fascinant.
Le concert se partage entre récents morceaux du dernier album Sometimes I wish we were an eagle et ceux de Smog. La tension m’a tenue tout le long d’un set magnifique qui ne peut que donner envie d’arpenter les albums du Monsieur, mais surtout de le revoir un jour en live…