24.4.13

Edmonton: entre deux voyages

Grande nouvelle en ce 24 avril, nous avons dépassé, pour la première fois en bientôt 7 mois, la barre des 13 degrés... Ça y est, on semble tenir le bon bout, la neige ne persiste qu'en quelques bancs épars résultant des chutes de ces derniers weekends, le soleil brille et les après-midi se font plus clémentes:on prévoit 16 degrés pour demain! Sortez les maillots!!

C'est l'occasion de profiter des attraits touristiques d'Edmonton (qui pour certains n'ont pas encore rouvert d'ailleurs), bien que la neige eût été encore bien présente lorsque je suis allé visiter Government House. Rare monument se trouvant à portée de marche depuis chez moi, elle se trouve juste derrière le Royal Alberta Museum que j'ai l'intention de visiter prochainement.

Depuis le pont que l'on doit emprunter pour rejoindre Government House.

Government House

Government House


Vous vous rappelez de la Legislature, bâtiment qui abrite l'Assemblée Législative de l'Alberta, constituée en province en 1905? Quelques années plus tard, la province décide de faire construire une résidence officielle pour le Lieutenant Gouverneur, représentant de la couronne d'Angleterre pouvant, s'il le désire, rejeter les décisions prises par le pouvoir législatif. Cette situation exceptionnelle ne s'est en réalité présentée qu'une seule fois, car ce Lieutenant est en général choisi parmi des personnalités locales et a davantage un rôle honorifique (surtout maintenant). La maison de 3 étages, couverte de pierre calcaire de Calgary, a été inaugurée en 1913 et n'a servi que jusque dans les années 30. En 1942, tous les meubles et équipements sont vendus aux enchères et il ne reste donc aujourd'hui que quelques meubles d'origine rachetés par la suite (la guide insiste bien qu'ils sont très anciens en posant la main dessus, c'est tout à fait logique...). Après avoir occupé différentes fonctions, des rénovations permettent à la maison de rouvrir en 1976 en tant que centre de conférences et cadre pour des dîners somptueux donnés pour des dignitaires. La Reine Elizabeth II est passée par là pour célébrer le centenaire de l'Alberta en 2005 et je me suis assise dans un canapé où Jean-Paul II a fait la sieste. Il y a toujours un truc excitant à faire à Edmonton...
L'intérieur a malheureusement été beaucoup modifié pour répondre aux besoins modernes et ne met pas assez en valeur la collection d'art comptant plus de 200 pièces parmi lesquelles des peintures canadiennes qui valent le détour.


Je ne sais plus si j'ai déjà parlé de mon rapprochement avec la communauté française dans ces pages, alors c'est parti. Il y a à Edmonton un ensemble assez inextricable d'organismes qui promeuvent la langue et la culture françaises. Parmi elles, l'Alliance Française d'Edmonton qui offre des cours de français et des activités liées à la cuisine, aux traditions ou à la culture (musique, cinéma, jeux...) français. L'Alliance se trouve en fait à 15 minutes à pied de chez moi mais je n'y avais jamais mis les pieds avant la fête de la Chandeleur en février il me semble (je devais être en manque de crêpes!). "Pourquoi?", me direz-vous, et ce fut aussi la question du directeur, Anthony, crêpier d'un jour. Eh bien j'avais appelé l'Alliance à mon arrivée, ayant pour projet d'éventuellement donner des cours de français, mais aucun poste n'était disponible. Ensuite, Julia m'en avait reparlé, mais beaucoup de leurs événements (comme les café-croissant) se déroulaient le samedi matin, jour que je passais à Telus World of Science. Depuis la Chandeleur, j'y suis retournée de nombreuses fois (soirée vin-fromage pendant laquelle j'ai même assisté à la projection d'Astérix: Mission Cléopâtre, comme quoi tout est possible) et cela m'a permis de rencontrer pas mal de francophones et de renouer avec la culture française. J'ai notamment trouvé une dame de St Nazaire (!!), parlé avec des anglophones d'ici ayant un lien avec la culture française et trouvé mon job de cette fin avril!

Anthony le directeur était en effet en recherche de quelques Français doués en grammaire et orthographe pour faire passer les examens du DELF (Diplôme d'études en langue française) que des étrangers souhaitent passer afin d'attester de leur niveau de français. C'est un diplôme reconnu dans le monde entier. J'ai donc participé à une formation très intéressante pendant 4 jours pour devenir examinatrice-correctrice (habilitation valable 3 ans), en compagnie du stagiaire de l'Alliance, Mohammed (qui vient de la région de Lens, l'accent du Nord à Edmonton!!), d'Alain, un Québécois qui m'a fait ma déclaration d'impôts canadienne (merci!!!), de Marie-Emilie (manque de bol, elle a rencontré l'homme de sa vie pendant son année d'Erasmus en Allemagne et il est d'Edmonton!!; et puis vous connaissez le système des connexions edmontoniennes maintenant: Marie-Emilie connaissait Emeline, que j'avais rencontré à des cours d'anglais en début d'année, mais l'autre lien c'est que son copain est un des meilleurs amis de lycée de ma collègue Adriana...) et d'un couple que je connaissais en fait déjà par Internet, Franck et Virginie. Ils sont en PVT aussi, Virginie est prof de FLE et j'avais été en contact avec Franck sur le site des PVTistes: on s'est retrouvés par hasard en vrai!!:-)
Cette formation était très bon enfant, remplie de discussions sur les particularités linguistiques et culturelles et les expériences de chacun. L'expérience du DELF s'avère encore plus enrichissante. Je ne participe aux épreuves que cette semaine malheureusement car je pars en vacances la semaine prochaine: j'échappe donc aux corrections des écrits et je me concentre sur la passation des oraux. J'ai été mise en binôme avec Vivien, ancienne prof de français à l'Université de l'Alberta à la retraite et originaire de Swansea. Oui, elle est Galloise d'origine mais parle français comme vous et moi (enfin plutôt comme ma grand-mère hihi), et habite à Edmonton depuis 1962!! Un peu effrayée au départ par ses appareils auditifs (pour faire passer des oraux, ça peut être problématique!), on s'est finalement très bien entendues (jeu de mot haha!). Elle a dû avoir une vie passionnante, pleine de voyages: mariée à un prof de philosophie grecque originaire de l'Utah, elle a vécu en France, aux USA ou encore en Tunisie, traduit des livres du français à l'anglais, a fondé un partenariat entre l'université et La Rochelle (voilà pourquoi beaucoup d'étudiants francophones d'Edmonton connaissant plus La Rochelle que Nantes!) et joue de la flûte à bec depuis des années! 

Nous avons eu la chance de faire passer les oraux à des étudiants (censés être) les plus forts, et malgré quelques désastres,  nous avons eu des élèves brillants, nous épatant plus par leur culture générale ou leur personnalité que par leur français. J'aime déjà beaucoup travailler avec des adolescents dans le contexte muséal, mais cela s'est confirmé lors de ces oraux qui se transforment en discussions presque passionnées avec des jeunes de 18 ans qui disent qu'ils préfèrent lire que jouer aux jeux vidéo, qu'ils préfèrent les vinyles de Bob Dylan au téléchargement de la musique sur Internet ou jouent du Bach au piano. Vivien a même été jusqu'à être influencée par les beaux yeux de quelques uns de nos jeunes hommes qui ont joué sur la séduction. Heureusement  que je l'ai remise dans le droit chemin!!:-) Cela me rappelle également que j'ai eu un groupe de jeunes avec des difficultés comportementales à l'AGA la semaine dernière et ça a été une de mes visites préférées tellement ils étaient intéressés et investis.

J'ai une dernière journée d'oraux vendredi avant l'arrivée de Magali! Oui!! Le grand jour qu'on attend depuis des mois arrive enfin ! Mon amie de Nantes vient me rendre visite à Edmonton avant que l'on parte pour un périple de 15 jours entre Calgary et Seattle en passant par la vallée des dinosaures, les Rocheuses et Vancouver! Restez branchés car nous allons visiter des lieux classés parmi les merveilles naturelles du monde!

23.4.13

Put a bird on it


C'est juste un petit aperçu de la débilité des épisodes de Portlandia...
"Put a bird on it" est juste une autre référence de la série au fait que les gens de Portland aiment en général les activités manuelles et les choses faites main, et qu'ils ont tendance à tout décorer avec des oiseaux...J'aime beaucoup les cahiers, pochettes, décorations...avec des oiseaux dessus et j'en ai achetés des en bois dans un magasin de fournitures artistiques, Collage, sur Alberta St. 

Alberta St.

Dans cette rue, on peut trouver du pur Portland, et dans ce cas, je peux vous dire que c'est 100% local!Sinon ça n'est pas Portland. J'ai donc croisé des dog-sitters (du genre l'enseigne Dog Paradise), des clubs de yoga (bikram,pas bikram), des stylistes LOCAUX, des supermarchés verts où on vous vend même des Kleenex recyclés et où tout est écrit en espagnol (why??!!), des ateliers d'acupuncture, des marchands de glace qui compostent à 83%, des savons au lait de chèvre et des bougies au soja, des restaus où les menus végétariens, végétaliens et sans gluten sont monnaie courante, et j'en passe. Vous voulez du vécu? J'achète un t-shirt que je ne veux pas salir dans mon sac à dos, je demande donc exceptionnellement un sac. La vendeuse me tend un sac en plastique et s'empresse de me spécifier qu'il est 100% compostable, la peur se lit dans ses yeux; je succombe un peu plus tard devant une paire de chaussures "vegan" (donc sans cuir) et comme il n'y a plus ma pointure, la vendeuse me demande si je veux spécifiquement des chaussures "vegan" (pur hasard, mais en fait mes préférées s'avèrent l'être). C'en est presque drôle...

Springtime!

"C'est une maison bleue"..ah non, ça c'était à San Francisco...

Les maisons en bois me manqueront une fois rentrée en France...

Sur Alberta, tous les poteaux électriques ou lampadaires sont couverts d'affiches qui prennent la pluie plusieurs fois par jour et s'entassent au fur et à mesure des concerts à venir.

Un poteau avant.
                                         
                                               
Un poteau après....

Toujours après: j'adore les textures, ces agrafes et clous rouillés retenant des lambeaux de papier.
Cette journée de shopping n'en finit plus, il est temps de recharger les batteries au Mississippi studios avec Craig. Un de ses copains qui tient un magasin de disques et fait de la musique influencée par Elliott Smith en plus d'être éduc spé, Josh, nous rejoint pour mon premier resto cajun. Le karaoké étant ma nouvelle passion inavouée et Craig voulant me faire plaisir, on se retrouve dans un bar karaoké qui a certainement le meilleur catalogue que j'aie jamais vu. Tellement exhaustif qu'on met trop longtemps à se décider pour chanter: dommage car Craig prévoyait de rendre hommage au Loser de Beck (j'ai enfin compris les paroles du refrain en espagnol) et moi de m'attaquer au grand Morrissey version There is a light that never goes out. Josh a mêne poussé le vice jusqu'à s'entraîner en écoutant sa chanson sur internet avec son iphone... Aaah les nouvelles technologies...

En face du musée.

Idem, un peu de ciel bleu avant une autre averse.


Le lendemain, après un petit-déj solide dans un diner typiquement américain (photos de voitures, serveur type camionneur), j'honore enfin le musée des Beaux-arts de Portland. Après un petit tour dans les collections permanentes (quelques peintres européens, des oeuvres de natifs, une discussion sur l'école de Barbizon avec un gardien qui pourrait être guide), je continue sur ma lancée d'expos photographiques avec la rétrospective de la photographe afro-américaine originaire de Portland, Carrie Mae Weems. J'ai malheureusement trop peu de temps pour saisir la profondeur de portraits et autres travaux percutants traitant de la question raciale, des genres et des classes sociales. Il y a des réflexions sur le racisme prégnant aux USA comme la présence dans une photo d'objets fonctionnels ou décoratifs de la vie quotidienne (cendrier, salière) à l'effigie du "bon Noir" qui me rappelle de manière effrayante un certain porte-cigares du 18ème siècle esclavagiste. Carrie nous énerve un peu avec des photos prises sur les racines du peuple Noir en Afrique, comme par hasard à Gorée, pour nous raconter les mêmes bêtises colportées partout sur ce site de traite, mais on la pardonne presque...(désolée pour ces dernières remarques qui ne veulent rien dire à des gens qui ne travaillent pas au Musée d'Histoire de Nantes).
Il est déjà l'heure de dire au revoir à Craig, que j'attends à Nantes ou Edmonton, et de reprendre l'avion pour le Canada. Le pilote nous remet vite dans le bain dans le vol Vancouver-Edmonton: "il fait -24 degrés à destination et il est tombé des tonnes de neige pendant votre absence, bienvenue!!!" :-)


21.4.13

Voyage, voyage

Jour 2, je me réveille au doux son du carillon placé juste à l'extérieur de la maison et qui a hanté mes rêves toute la nuit (j'ai appris un nouveau mot "wind chimes" et je sais que je porterai des bouchons d'oreille la nuit suivante). Un grand soleil inonde la maison et les fleurs du prunier devant la maison tombent comme la neige à Edmonton. C'est décidé, nous irons petit-déjeuner à l'extérieur, sur l'autre artère préférée de Craig, Mississippi Avenue. Chez Gravy, je me fais plaisir avec des pancakes aux myrtilles que je n'arrive pas à finir (et c'est tant mieux car ici le doggy-bag n'est pas une honte, il est au contraire encouragé par le personnel!).


On décide assez vite de faire une virée en-dehors de la ville pour aller randonner au soleil, plus précisément dans la vallée de la rivière Columbia. C'est en prenant la voiture que les gouttes recommencent à tomber et que l'on alterne entre éclaircies, averses et ciels de traîne. Nous nous arrêtons pour admirer les plus hautes chutes d'eau d'Oregon, Multnomah Falls. Et ce qui est bien dans ce cas, c'est que l'on prend une douche gratuitement en raison de l'eau projetée à mesure qu'on se rapproche des chutes et on ne se rend même plus compte si il pleut ou pas.

Deux chutes pour le prix d'une: la plus grande fait 165 m, la plus petite 21 m.
Remarquez ce tronc d'arbre qui ressemble fortement à un animal.



Bain d'écume.

Hé, mais c'est Sylvebarbe, je le reconnais!

Ah c'est sûr qu'avec l'humidité ambiante, la mousse et les fougères ont plus l'occasion de se développer qu'à Edmonton!
Nous sortons de cette excursion avec des têtes de chien mouillé et je regrette d'avoir mis du mascara ce matin-là...Nous décidons d'abandonner la rando en raison des chemins boueux que nous risquons de rencontrer. On en profite pour discuter musique et voyages sur la route du retour, et je pense décidément chaque fois plus fort que les voyages forment non seulement la jeunesse mais la manière de penser et de vivre. Il est incroyable de constater que seuls quelques jours d'escapade peuvent ouvrir de nouveaux horizons et offrir d'autres perspectives, vous sortir de routines et vous changer les idées, vous exposer à des modes de pensée et de vie que vous n'auriez jamais rencontrés ailleurs...

Revenue à Portland après une tentative avortée de visiter la roseraie sous des trombes d'eau, je continue mon shopping et ma découverte du centre-ville...J'ai même droit à des morceaux de ciel bleu alors que je m'aventure dans la plus grande librairie indépendante pour livres neufs et d'occasion au monde, Powell's Books. Cette chaîne fondée en 1971 possède plusieurs magasins en Oregon et ressemble à un Gibert Joseph géant avec ses livres neuf et usagés mélangés, ses séances de dédicace et ses rayons papeterie et "cadeaux". Il y a également une catégorie livres rares et épuisés, ainsi qu'un café pour bouquiner tranquille bien sûr.






Je finis l'après-midi avec un chocolat chaud avant de remonter Mississippi Avenue avec Craig: les boutiques trendy, bars et restaurants se multiplient dans cette super rue qui possède également une salle de concerts où les prestations sont toujours gratuites, Mississippi Studios:que demande le peuple? On s'arrête dans un très bon resto japonais, Blue Samurai avant de continuer l'expérience portlandaise au Holocene. C'est l'une des salles de rock alternatif de la ville et c'est là que nous nous rendons faute de pouvoir voir Django Django, complet ce soir-là au Doug Fir. Ci-dessous l'affiche des 4 groupes locaux qu'on a vus ce soir-là dans une salle très moderne comptant 2 espaces pour les groupes. La hipster en moi exulte intérieurement rien qu'en se faisant tamponner le poignet à l'entrée et en présentant sa carte d'identité (il faut avoir 21 ans aux USA et 18 au Canada pour pouvoir rentrer dans un lieu alcoolisé) et c'est le groupe Minden qui remporte la palme de loin avec ses membres sautillant pieds nus dans des collants fluo et son batteur arborant une barbe de...allez, 3 mois!:-)



19.4.13

Welcome to the 90's!

 

Etape suivante de mon escapade américaine: Portland, certainement la ville qui a le plus de surnoms en Amérique. La ville des roses (ça fleurit car il pleut beaucoup!), la ville des ponts, la ville du vélo, Beervana (en raison du nombre élevé de microbrasseries par tête de pioche), PDX...on a le choix! On peut rajouter aussi capitale des hipsters maintenant, un phénomène mis en avant dans la série humoristique Portlandia. Cette série, composée de sketches et menée par un couple jouant presque tous les personnages, a pour cadre principal et sujet la capitale de l'Oregon et dépeint ses habitants comme des barbus musiciens en chemise de bûcherons mangeant bio en jouant du rock alternatif. Dans le premier épisode, l'un des plus drôles, l'homme (un ancien du Saturday Night Live), confie d'un air émerveillé à son amie (jouée par l'ancienne guitariste de Sleater Kinney, Carrie Brownstein), qu'il y a un lieu aux Etats-unis où l'on peut toujours s'habiller et se comporter comme dans les années 90, et c'est Portland. Une sorte de faille spatio-temporelle en somme. Bien sûr, cette ambiance est palpable, mais pas tant que je l'espérais! Il y a aussi plein d'Américains moyens, voire très moyens à Portland!! Et je me suis surtout rendue là-bas pour l'atmosphère et non pour la beauté indescriptible de la ville ou ses lieux touristiques.

L'immeuble Portlandia Downtown.

La statue symbole de la ville:Portlandia.

Ni pour la météo d'ailleurs...J'avais eu la chance d'avoir un avant-goût de Portland en 2005 lors de mon chantier international dans l'Oregon, mais il devait faire grand soleil et 30 degrés...Rien de tout ça en ce mois de mars: j'ai essuyé bruine, averses et grêle (!!!), entrecoupées d'éclaircies, et les 10 degrés dans cette belle région qu'on appelle le Pacific Northwest me rappellent qu'à Edmonton, au moins, c'est un froid SEC...J'ai donc été frigorifiée pendant 3 jours, le froid humide transperçant mes épaisseurs, et j'ai regretté amèrement mon manteau canadien resté à la maison...

C'est sûrement pour cela que les habitants de Portland font de la bière et boivent beaucoup de café : pour se réchauffer à l'intérieur...Craig, mon nouveau meilleur ami de Portland et hôte couch-surfing, s'est beaucoup moqué de moi:pourquoi une fille qui n'aime pas le café, ne raffole pas de la bière et ne sait pas faire de vélo viendrait-elle à Portland?? Sans doute car les groupes locaux vendent encore leur musique sur des cassettes audio et que je dois être encore la seule à posséder un lecteur cassettes?? Il a même essayé de me faire goûter le café latte par lequel il jure, mais rien à faire, j'ai 30 ans et je crois que je ne boirai jamais de café ni de vin rouge comme une adulte...

Justement, à mon arrivée, j'ai été accueillie par mon chauffeur Craig et j'ai posé mes bagages dans son adorable petite maison verte : il l'a entièrement retapée depuis 5 ans qu'il en est propriétaire, et à mon retour des toilettes, je savais qu'on allait bien s'entendre. Il y a en effet accroché un poster de Bjork qui me rappelle ma jeunesse et mon abonnement au magazine anglais Select (toujours les 90's quoi).


Craig est webdesigner et a décoré avec beaucoup de goût son intérieur où je me serais bien installée héhé.

Le canapé où j'ai dormi comme un bébé.

La pièce principale chez Craig.
Premier contact avec la restauration portlandaise, The Tin Shed, située sur la branchée Alberta Street (j'ai quitté l'Alberta pour la retrouver,il semblerait!): il est spécifié sur les menus que les poulets servis dans vos assiettes ont été élevés en plein air et ils ont même...un menu pour chiens!! Non non, vous ne rêvez pas! Comme ils ont un patio, certains restos de Portland acceptent les chiens,et beaucoup de gens (je veux dire pas seulement des familles avec enfants, mais des couples ou des célibataires, même des jeunes, ce qui est beaucoup moins commun en Europe) les amènent donc. Ça me fait encore penser à Portlandia: dans le premier épisode, un couple va jusqu'à demander à la serveuse du restaurant la fiche d'identité du poulet qu'ils vont manger, son nom et s'il a été heureux à la ferme...Hilarant!
Qu'il est bon d'être en Amérique du Nord, rien que pour le fait de pouvoir manger à n'importe quel moment de la journée, notamment des petits-déjeuners! Et quand je dis petit-déj, ça peut ressembler à une omelette avec viande et légumes + toasts. La viande ou les oeufs étant toujours remplaçables par du tofu, car on est en Amérique du Nord et que les végétaliens sont vraiment pris en considération ici.
A Portland, il y a aussi une tradition assez incompréhensible du fait que le temps est généralement pourri: la mode des food carts, autrement dit la baraque à frites qui ne vend pas que des frites, en plein vent, à plusieurs coins de rue. Vous pouvez manger mexicain, éthiopien ou encore indien sur le pouce.

Les food carts.
Autre exemple de restauration sur le pouce sur Alberta Street:à l'abri dans un vieux bus ou dehors sur des tables de pique-nique.

Craig est quelqu'un de calme et réservé qui contraste assez avec le Kennard surexcité que je viens de quitter à SF, mais on a eu plein de choses à se raconter pendant 4 jours, ce qui rend les adieux toujours un peu étranges, car on ne peut que se faire la promesse de voyager à nouveau pour se revoir...Il est originaire de l'Arkansas mais ne veut pas y retourner (on le comprend non?), depuis 12 ans qu'il a élu domicile à Portland après des études à...Olympia, Washington.Ouiiiiiii! Courtney Love n'est pas la seule à pouvoir chanter "When I went to school/ in Olympiaaaaa!!!". Haha, c'est énorme! Il a notamment été bluffé qu'on ait un festival "Keep Portland weird" en France, dénotant la popularité croissante de la ville sur la scène musicale et tendance. L'un de ses amis connaissait le festival, par le biais d'un ingé son y ayant participé. Ici, tout le monde cool a un peu un pied dans la musique, et même si Craig est plutôt passé à la photo, il a dans une pièce de sa maison une batterie et tout un tas d'instruments! Et quand dans le bus j'ai croisé une jeune femme ayant un tatouage (autre grande caractéristique locale) sur le poignet et que j'ai essayé de le déchiffrer, c'était "either/or". Cela pourrait avoir n'importe quelle signification, sauf qu'à Portland, c'est forcément une référence au troisième album de notre regretté génie fragile Elliott Smith disparu en 2003 qui a vécu dans cette ville.
Portland a la réputation d'attirer les musiciens car les loyers peu élevés permettent de louer plus facilement un garage ou un sous-sol pour répéter.

J'ai passé ma première après-midi à tenter de maîtriser un exercice difficile: tenir en même temps un parapluie et un guide de voyage, le tout avec des moufles. Au bout de 10 minutes, on a juste envie de rentrer se réchauffer dans un café. 

Malgré la pluie, c'est tout de même le printemps!

L'un des nombreux ponts de la ville enjambant la Willamette River.
Le centre-ville compte les habituels buildings modernes, ainsi que de beaux exemples d'architecture plus ancienne (fin 19ème s, Arts Déco, style industriel) entre lesquels se faufile le tramway.

Spéciale dédicace à Fanny: je crois que ce sont des loutres!




Si on regarde cette photo avec attention, on peut même apercevoir la pluie tomber!

Une Ford Thunderbird!

J'adore cette typo!

Le très coloré PICA (Portland Institute for Contemporary Art), juxtaposé à une de mes occurrences urbaines préférées: la publicité peinte sur mur de briques (et il y a le choix à Portland!).
Après quelques heures à errer dans un Portland qui ne ressemblait pas à mes images d'Epinal (si je puis dire), après avoir croisé plein de strip-clubs dans un quartier pas terrible (Craig m'apprendra ensuite que l'Oregon considère le strip-tease comme une liberté d'expression et Portland est donc réputée pour voir ce genre d'établissements pulluler), aussi trempée qu'un chien mouillé, je découvre enfin plusieurs symboles de Portland dans le même périmètre, là où commence MA ville. Je passe environ 45 minutes dans un minuscule magasin de bidules (bijoux, artisanat, T-shirts sérigraphiés) qui fait aussi label local (donc vendant des cassettes) en m'extasiant devant chaque article (des cartes postales estampillées "don't shave off your beard" ou un body prêt pour sa deuxième vie grâce à un écusson à coudre soi-même pour mon futur neveu). Tender loving empire.

Le fameux body et la carte pour ma soeurette!

La vendeuse super jolie super lookée me conseille d'aller me sécher au Clyde Common, un bar-restaurant branché juste à côté. En sirotant mon verre de vin au bar, je médite sur ce que je viens de voir dans le lobby vintage de l'hôtel voisin: un Photomaton à poses multiples! Oui, pour 4 $, on peut encore se faire tirer le portrait de 4 manières différentes. Ce fut l'acte manqué de ce séjour, car j'ai littéralement tanné Craig pour en faire et soit par manque de temps ou de carte de crédit (j'avais pourtant économisé mes billets de 1$ exprès), ça n'a jamais fonctionné. On a failli se servir d'un Photomaton situé au beau milieu d'une salle de concerts le jour suivant, l'idée est terrible je trouve: j'imagine bien un Photomaton à Stereolux ou au LU!

Cette trouvaille ne pouvait mieux tomber car on avait prévu de profiter d'une autre tradition portlandaise: aller voir un film dans un de ces cinémas qui vous donnent l'impression d'être dans votre salon, comme le Living Room Theaters juste en face. Non seulement car ce sont souvent des films étant sortis plusieurs mois ou années auparavant, mais parce qu'on peut commander de la nourriture, se la faire servir dans la salle obscure grâce à un numéro de siège et manger pendant le film!! Et outre le pop-corn, ça peut être une pizza, un hamburger ou une trempette d'artichauts (mon choix, délicieux!). Craig m'a donc rejoint pour voir le film oscarisé de Ben Affleck, Argo: c'est ce que j'adore dans le Couchsurfing, avoir l'occasion de faire des trucs qu'on ne ferait jamais en tant que touriste, comme aller au cinéma! 
On a fini par noyer la pluie de Portland au bar du Red Fox qui passait Portishead version 1998 ce soir-là, il fallait bien être raccord avec la météo!

14.4.13

Pas de petits restos,que des trucs qui rendent gros

Une certaine vision d'Edmonton, par d'autres PVTistes français (et tarés apparemment), qui ont tenté l'aventure ici et en ont fait une chanson...

13.4.13

Adieu philosophique

Voici venu le dernier jour de mon séjour à SF...et celui des choix à opérer, des compromis à faire, il faut déterminer ce que l'on ratera et ce que l'on visitera une prochaine fois. J'aurais aimé retourner sur les docks,dans ces odeurs de barbe-à-papa et de churros, pour visiter le Musée Mécanique, justement consacré à toutes les formes de jeux en arcade et aux manèges forains. J'aurais aimé me promener dans le géant Golden Gate Park où j'aurais enfin pu voir des bisons (parce qu'au Canada c'est apparemment trop demander) et visiter le DeYoung Museum of Art.
Mais à ce stade, je n'ai même pas encore vu Downtown, ni visité un seul musée...

Après avoir quitté avec regret Erica et Arthur (qui m'ont cuisiné un petit-déj presque tous les matins, que ce soit du porridge ou une omelette améliorée),je rejoins mon hôte d'un soir, Kennard, pour laisser ma valise à son bureau Downtown. Je suis toute proche d'un autre quartier asiatique: Chinatown, qui jouxte le centre financier. Je retrouve le charme tout chinois (les crachats par terre) mêlé à la grande ville américaine. Je m'arrête notamment à la Golden Gate Fortune Cookie Company, qui fabrique toujours ces biscuits de la chance à la mode de 1909, date de leur invention à SF. Au fond d'une sombre allée, il faut payer 50 cents pour avoir le droit de photographier quelques 5 ouvriers travaillant à la chaîne sur des machines antiques qui accueillent la pâte, la pressent, avant que l'employé ne plie le biscuit encore chaud et y insère un petit billet porte-bonheur (accompagné d'un numéro dont on ignore si c'est celui de notre prochain rendez-vous galant). Je ne m'attendais pas à ce que ces biscuits soient en fait vachement bons: allez hop, un paquet, vendu par quelqu'un qui ne doit savoir maîtriser que ses nombres en anglais (et encore). Vous noterez par mes photos que je n'ai pas lâché 50 cents pour une photo..Non mais faut pas déconner!;-)

Dragon's gate.




J'aime le contraste vieille ville chinoise/énorme building (tour Transamerica)


Chinatown colorée!



Ross Alley où se trouve le marchand de fortune cookies.

Li Po, un bar hautement fréquenté par la Beat generation.

SF possède un centre-ville typiquement américain, où les buildings ont la part belle.

Un peu de France en Amérique haha!

Le coeur de Downtown, Union Square, grande place entourée par les buildings, les hôtels et les magasins de luxe.
Depuis Union Square, Louis Vuitton...

Inaugurée en 1972, cette pyramide de 260 mètres a provoqué de nombreux débats. Sa forme pointue, destinée  à la base à privilégier la lumière dans les rues encaissées du centre-ville, est l'élément le plus reconnaissable du skyline de SF.

Autre point de vue sur la tour Transamerica.






Ce midi-là, je devais retrouver pour déjeuner une personne restée jusque-là uniquement virtuelle, Anne. Quand j'ai commencé à chercher du travail aux Etats-unis (il y a plus de 3 ans maintenant), une de mes copines de l'Ecole du Louvre, devenue depuis conservatrice, m'avait donné le contact d'Anne. Il s'agissait de l'une de ses amies américaines ayant effectué un stage à l'INP (Institut National du Patrimoine) à Paris. Originaire du Michigan et venant d'une formation en archivistique, elle s'est réorientée vers la propriété intellectuelle et occupe maintenant le poste d'assistante de conservation au SFMOMA, le musée d'art moderne de San Francisco. Ce déjeuner fut l'occasion de discuter musées et de la remercier pour les conseils qu'elle m'a donnés ces dernières années en vue de mon expatriation (et de soigner mes relations professionnelles, héhé)! Je n'ai même pas eu à sortir la carte ICOM pour rentrer gratuitement au musée, situé dans le quartier nommé SoMa (acronyme de South of Market (Street) ). Voici quelques vues de cet intrigant bâtiment que l'on doit à l'architecte Mario Botta. Bloc de briques dont l'intérieur est habillé de noir, construit en 1995, il est doté d'un espace lumineux à son sommet. J'ai visité plusieurs expositions de photographies, principalement la grande rétrospective Garry Winogrand qui a déclaré "Sometimes I feel like the world is a place I bought a ticket to". Je suis assez d'accord...Il a surtout fait des portraits dans la rue ou encore les lieux publics comme les halls d'aéroport.


Le SFMOMA.

Une photo de Winogrand.

Dans les hauteurs du SFMOMA.

Idem.

Idem.
Je suis ensuite allé visiter l'ancien bureau de poste Rincon Annex, présentant des fresques contant l'histoire de la Californie. J'ai surtout admiré le style Arts déco du bâtiment et de ses décorations ouvragées. Voir ci-dessous.


Juste le temps d'acheter des sablés au chocolat pour Kennard, que je devais retrouver à son bureau. Il m'a fait monter au 18ème étage de son building, juste pour admirer la vue sur Downtown. Puis on a rejoint son appart sur Clement St. Ce fut loin d'être le lieu le plus propre de mon séjour, mais pour une nuit, j'ai fait avec! Surtout que je me suis entendue à merveille avec Kennard (surnommé Canard haha), ancien étudiant en philo, qui a de drôles et passionnantes histoires à raconter, et plein de goûts en commun avec moi (il revenait du South by Southwest festival à Austin,TX)! Il a notamment passé 3 ans au Japon à enseigner l'anglais (décidément, j'ai rencontré beaucoup d'anglophones cette année ayant vécu en Asie pour les mêmes raisons), ce qui nous a amenés à parler différences culturelles. On a passé la soirée à refaire le monde dans un bar de Hayes, avec deux autres ex-étudiants en philo qu'il était tout content de rencontrer. Qui dit qu'on ne peut pas parler de Deleuze et de Sartre avec un Américain? Kennard a été adorable et s'est levé très tôt avec moi pour me conduire au bus devant m'emmener à l'aéroport. Ça méritait bien de devenir un de mes amis Facebook tiens!