30.10.13

Girls,je vous aime!

Antoine et François © Camille

C'est lors d'un concert de promo du deuxième album Plan your escape en mars 2008 à feu l'Olympic que le groupe belge Girls in Hawaii m'avait diablement emballée par ses pop songs douces-amères, sa simplicité et sa scénographie inventive. Coup de cœur tardif pour ma part (ma sœur était sur le coup bien avant),  mais qui a grandi en moi (spéciale dédicace à Anaïs). Le goût mesuré s'étant transformé en une grande passion au fil des années et surtout des derniers mois, conduisant notamment à un deuxième concert convaincant à Lille en 2008, ainsi qu'à l'écriture d'une nouvelle inspirée par leur univers musical et visuel dépeint dans le DVD Not here.

Antoine © Camille

Le concert du 28 octobre au Chabada d'Angers apparaît donc comme un aboutissement. Depuis les premiers signes d'un retour des Girls au printemps dernier après 5 ans d'absence forcée (Denis, le batteur et frère du chanteur Antoine, est décédé le 30 mai 2010 dans un accident de voiture, laissant un vide et un traumatisme derrière lui), on a guetté le compte Facebook et le site du groupe qui se sont réveillés tout doucement de leur long sommeil, lourds de promesses. L'annonce d'un nouvel album -Everest- une montagne à franchir, un cadeau des dieux pour le 2 septembre, a fait monter la pression d'un cran, les soirées groupie se sont multipliées avec Anaïs, les photos et les vidéos ont été disséquées, avant de pouvoir enfin se mettre 11 nouvelles chansons sous l'oreille et de les écouter en boucle.

J'ai ma place pour le Trianon à Paris depuis le printemps, la tentation étant trop grande de faire un doublet magnifique avec The National, mais le concert d'Angers s'est imposé récemment comme l'apogée d'un goût partagé avec Anaïs, qui devait repartir ensuite en Angleterre. Fin août, la date me semblait extrêmement loin. Depuis qu'elle est passée, je ne suis pas encore descendue de mon nuage...

Lionel © Camille

La petite salle du Chabada se remplit tranquillement tandis que nous assistons du deuxième rang à la performance de Castus, l'un des projets du nouveau batteur des Girls, Boris. Leur musique instrumentale qui lorgne vers l'expérimental est basée sur des boucles de guitare, une basse et une batterie frénétique et répétitive, mêlant souvent instruments traditionnels et sons plus originaux de jouets par exemple.
A l'avant-dernier morceau, des invités-surprise sont appelés pour un bœuf. Là mon coeur (j'ai 15 ans ce soir-là, ne l'oublions pas) s'emballe, la totalité des Girls rejoint Castus  pour une impro clôturant leur tournée commune, pendant qu'Antoine prend des photos pour la postérité depuis le côté de la scène. Lio a l'air super content, tous en fait, et ce n'est qu'un avant-goût de ce qui viendra.

La tension monte et les spéculations sur une set list qu'on ne veut pas regarder à l'avance mais qui paraît relativement fournie, vont bon train. Les lumières s'éteignent pour ne laisser bien souvent que des éclairages discrets,voire en contre-jour des membres du groupe, tandis que l'Everest peint par Thierry de Cordier (auteur de la pochette de l'album) se dessine en arrière-plan.
Ceux qu'on attend depuis des mois montent sur scène, c'est pour de vrai, là tout de suite!

Antoine et François © Camille

Surprise: c'est le choix d'un début feutré, le groupe baigné dans les tons bleus avec "Wars", qui clôt normalement le dernier album avec ses boucles synthétiques et ses déclarations de guerre contre l'astre solaire.  Le groupe se met en place, nous aussi et c'est un peu l'attaque cardiaque quand j'entends les premières notes de "Not dead": le dernier single que je chéris tout particulièrement sera joué très tôt dans le set! Les paroles du refrain résonnent d'un sens particulier tandis que les mots "Until I sleep, I'll forever walk" constituent un final intense soutenu par les chœurs des autres garçons.

Brice © Camille
Daniel © Camille

Les 6 Girls montrent dès le départ une complicité qui les caractérise, se faisant des sourires (Antoine manque notamment de se tromper sur un enchaînement, ça le fait marrer), et cela fait juste plaisir de les voir se retrouver et trouver cette même harmonie avec les nouveaux copains, Boris aux fûts et François aux claviers. De même qu'un nouvel équilibre s'établit en live avec un Lionel qui a quitté sa légendaire chaise pour s'élever au même rang qu'Antoine en avant de la scène.

Lionel © Camille

Lionel © Camille

Encore un nouveau morceau porteur d'un élan salvateur, "We are the living" avant d'embrayer sur de vieilles connaissances qui déclenchent les applaudissements du public. Entrée dans le brouillard avec "The fog" dont on sort avec "Sun of the sons". La voix douce de Lionel marque définitivement deux univers contrastés dans la discographie du groupe: l'énergie solaire et pastorale des deux premiers albums est d'un coup tranchée par le souffle aérien d'Everest, l'appel du lointain, l'exploration d'une mer et d'une montagne glacées, qui semblent sinon totalement hostiles, bien plus sombres. Les parties parlées à la dEUS dans "Changes will be lost" et "Here I belong" (l'une à la suite de l'autre!) accentuent encore le changement de cap. Même si la voix d'Antoine transformée par le téléphone a toujours été présente (cf "Casper").

Antoine © Camille
Antoine © Camille 
Antoine © Camille

Le groupe, après avoir honoré une chanson de rupture autrefois rare sur scène ("Summer storm"), enfile quelques perles d'Everest: les synthés et les chœurs servent à merveille les envolées lyriques de "Misses" et de "Switzerland", Brice use de la guitare slide et Daniel marque de sa classe chacune de ses interventions à la basse ou au micro. Au premier plan, Lionel et Antoine assurent tour à tour le chant, quand ce n'est pas pour unir leurs voix dans l'intensité ou la délicatesse, toujours pour le meilleur.
Puis vient le temps de la tant attendue "Birthday call" qui nous arrache des sourires béats: la chanson à tiroirs signée Lionel nous entraîne dans ses méandres émotionnels jusqu'à l'explosion finale relayée par l'urgence de la face B "Grasshopper".

Lio, Boris et Antoine © Camille

Daniel © Camille

Lio © Camille
Antoine et François © Camille

C'est l'heure du rappel, mais les Girls en ont encore sous le pied et entament parmi les plus beaux morceaux qu'ils ont jamais écrits: une version retenue d'"Organeum", "Found in the ground" et le final intense de "This farm will end up in fire". Alors que le parti pris de la tournée précédente était de conclure le concert dans l'atmosphère acoustique du morceau "Plan your escape", le choix se tourne aujourd'hui vers "Flavor" et son côté sale et hypnotique. L'occasion idéale pour le groupe, rejoint par Castus pour l'occasion, de donner libre cours à son énergie débordante, presque grunge, et pour Antoine de crier dans son téléphone tout en tenant frénétiquement le pied du micro. Le chanteur grimpe sur les enceintes pour capter avec son téléphone un souvenir de ses camarades saluant le public qui les ovationne.

Le groupe depuis la fosse, Antoine au loin! ©Anaïs 

Les lumières rallumées, l'heure n'est pas encore au bilan, pas avant d'avoir récolté quelques autographes et d'avoir tenté maladroitement de dire notre admiration. Heureusement, nous ne sommes pas seules! (dédicace à Camille - un énorme merci pour ces magnifiques photos!- et Margaux!).

La setlist de Brice.

Et rendez-vous est pris à Paris et à Nantes, pour prolonger un peu plus le rêve...


Tout ce qu'on peut faire avec un bic 4 couleurs! Lio en a même oublié de signer après son "Hello Sandrine!", tandis que François a bien entendu que j'étais originaire de Lille!

21.10.13

Goodbye Vancouver! Goodbye Magali!

De retour à Vancouver, nous prenons nos quartiers pour les deux dernières nuits chez Maarten, en mode couchsurfing. Maarten est un jeune homme original, d'origine néerlandaise mais ayant vécu au Japon, en Allemagne, en Autriche et en Afrique du Sud, qui fait du yoga tous les matins avec son téléphone portable allumé à côté et qui joue Jeff Buckley à la guitare acoustique. Il a bien aimé mettre Magali en boîte. C'était plutôt drôle de finir le séjour avec lui et ses propositions allant du restau mexicain au shopping éclairé sur Main st. 
Il nous a notamment conseillé un super lieu pour le petit déjeuner du samedi matin: le Marché St George, en français dans le texte. Une enseigne qui fait à la fois épicerie bio et petit-déj/brunch/café à emporter dans ton mug pour les bobos du quartier, très résidentiel. Ils font des quiches, des muffins, des croissants, des tartines et des macarons, mais aussi...des crêpes! Délicieuses, servies dans une vaisselle dépareillée style argenterie de grand-mère, au beurre, sucre brun et une pointe de cannelle qui fait la différence!

La fameuse crêpe.

Le Marché St George: sa carte et ses étagères pleines de bons produits bio.
Le petit déj de Magali.

Devant le Marché St George, des bobos en mocassins et des papas avec poussettes.
Il est ensuite temps de visiter une curiosité locale: je connaissais les Chinatown, j'avais découvert le Japantown à SF, voici venu Indiantown à Vancouver! Magasins de saris, restaurants de spécialités et épiceries aux parfums de curry se succèdent sur quelques blocs malgré une baisse de régime du quartier depuis quelques années.

Les panneaux dans Punjabi Market.

Des saris en veux-tu en voilà!
Repas typiquement indien (blague) au Roots Café: des mac'n'cheese (macaronis au fromage) avec un accompagnement de frites, pour la légèreté.

Les traductions en français laissent parfois à désirer sur les produits canadiens. "Oil" est parfois traduit par "pétrole": appétissant non?
Après une bonne journée de shopping sur Main St sous la pluie (Vancouver a enfin montré son vrai visage!), nous finissons dans un très bon resto mexicain, la taqueria Bandidas avec Maarten. 
Le lendemain, en route pour l'aéroport de bon matin: il est temps de quitter le Canada pour Magali, et pour moi de retrouver mes pénates edmontoniennes pour la fin de mon PVT...Snif...

Des nachos à tremper dans du guacamole et de la salsa pour commencer.

Des enchiladas ensuite, mmm!
Moi et Maarten à la taqueria.


7.10.13

Welcome (back) to the USA!


Le lendemain, nous embarquons pour une virée express transfrontalière: 2 jours chez les voisins américains! On comprend assez vite qu'on n'est plus au Canada...Aux USA, doubler par la droite sur l'autoroute est monnaie courante et les routes ne sont plus bien entretenues...Le trajet entre la frontière et Seattle n'est donc pas des plus rassurants...Mais c'est la première incursion de Magali aux States, et rien que le passage à la douane vaut son pesant de cacahuètes. Une fois n'est pas coutume, le douanier qui nous reçoit est extrêmement jovial, il fait des blagounettes dont on ne sait pas s'il faut les prendre au pied de la lettre et nous recommande même un resto à Seattle. Le meilleur moment est celui où il demande à Magali de se mettre face à la webcam pour la prendre en photo: elle s'approche très près de l'appareil comme chez l'ophtalmo et le policier lui dit en rigolant qu'il n'est pas là pour lui faire un examen des yeux...!!!Bon je crois qu'il fallait être là pour en rire...

Nous continuons sur notre lancée  Airbnb car nous logerons une nuit chez Marcia. Sa maison est très grande, bien qu'un peu poussiéreuse, avec un grand jardin, et Marcia a plein de conseils pour ses invités. Le quartier où elle habite est très résidentiel et possède à quelques pâtés de maisons des magasins et restaus branchés que nous explorerons le lendemain. Le seul hic est peut-être que le quartier de Ballard est assez loin du centre en transports en commun et nous mettons environ 1 heure pour rejoindre Downtown par le bus où nous rencontrons un sympathique musicien. Aaaah, Seattle!

La maison de Marcia.
Un premier arrêt s'impose pour casser la croûte: le Zeitgeist coffee est un café nord-américain comme on les aime (on peut manger et boire à toute heure-ici vers 15h-, les "bonus" type sucre, lait, grille-pain, cannelle, serviette, touillettes, couvercle pour café à emporter...sont sur un comptoir à part), avec une touche vintage en plus qui donne l'impression que le mobilier en bois clair et les cafetières sont tout droit sorties des 70's. Le reste de la déco est plutôt de style industriel. On a beaucoup aimé!! 



Moi et derrière le "comptoir aux bonus".



Dans le pupitre permettant de compulser un dictionnaire (pourquoi?), un tiroir composé de petites boîtes aux trésors se cache: clés, épingle à cheveux, tickets de bus ou de cinéma, cacahuète, bonbons, dés, capsules... Je me demande s'il s'agit de tout ce qui a jamais été retrouvé sur les tables du café...


Downtown Seattle en quelques images, et sous le soleil! La plupart des photos sont prises dans le quartier historique de Pioneer Square, qui s'est développé fin 19ème grâce à la prospérité de la ville située sur la route de la ruée vers l'or du Klondike en Alaska.






On aperçoit le Pioneer Building au bout de cette allée.

Street art dans une allée.

Pioneer Building,1892.

La pergola en fer forgé installée en 1909 devant le Pioneer Building.


Malgré ce temps splendide, nous avons décidé de nous enterrer. Littéralement. Il y a à Seattle une visite un peu spéciale qu'il ne faut, apparemment, pas rater: the Seattle Underground Tour. Il s'agit d'explorer les souterrains de la ville, nés d'une histoire peu commune que j'ai encore aujourd'hui du mal à saisir. Il faut dire que la visite est animée par un comédien qui aborde l'histoire sous l'angle du one-man show, et qu'il est parfois fastidieux pour un non-natif de comprendre toutes les subtilités de l'accent et l'humour américains (car il reste toujours bien-pensant). Je n'ai pris aucune photo des souterrains de la ville, car j'ai été assez déçue visuellement, je poste juste 2 des 4 photos que Magali a prises.
Le centre de Seattle était autrefois construit en bois. Le 6 juin 1889, un incendie accidentel détruit 31 blocs de la ville avant d'être maîtrisé. Il est évidemment décidé de reconstruire Seattle, en utilisant cette fois de la pierre et de la brique, mais également en remontant toutes les rues d'un ou 2 étages. Décision peu orthodoxe, qui s'explique d'une part par le fait que les bâtiments étaient pour la plupart en zone inondable lors des marées, mais aussi par une obscure histoire de reflux des évacuations de toilettes. Ne m'en demandez pas plus, je n'ai quasiment rien compris au principe lors de la visite, honte à moi (ou honte au guide!!). Toujours est-il que pendant des années, les passants devaient aller d'un bâtiment à l'autre grâce à des échelles, les trottoirs étant séparés par un énorme trou. Lors de la visite, on descend dans la ville souterraine qui s'est développée sous la ville nouvelle, repaire de prostituées, de troquets pendant la Prohibition, de salles de jeux ou de fumeries d'opium.





En-dessous de ces petits carreaux de verre couleur améthyste, la ville souterraine.
Le temps nous étant compté, nous décidons de découvrir Seattle d'en haut, mais en montant non pas dans la célébrissime Space Needle, mais en haut de la Smith Tower.

Au centre, la Smith Tower, plus haut gratte-ciel de la ville jusqu'en 1962, terminé en 1914, et doté de 38 étages (149 m).
La tour est encore une des rares à employer des opérateurs d'ascenseur. Le nôtre était très placide, limite neurasthénique, le cliché déjà véhiculé par Droopy dans l'excellent film Qui veut la peau de Roger Rabbit!!
Les ascenseurs menant au 35ème étage, où se trouve une terrasse panoramique ainsi qu'une salle de style chinois décorée grâce à des dons de l'impératrice chinoise Cixi. Parmi les meubles, la Wishing Chair (chaise aux souhaits): toute femme célibataire s'y asseyant est censée se marier dans l'année, légende qui a été vérifiée par la fille de Smith, le magnat qui a financé la construction de la tour. Magali aura-t-elle une nouvelle à nous annoncer d'ici mai prochain?? (moi je ne m'y suis pas assise il me semble).

Du haut de la Smith Tower...
Vue sur le Puget Sound, le détroit de Puget, qui permet d'accéder à l'océan Pacifique.

Ce serait-y pas la Space Needle au bout de la rue?


On voit même le Mont Rainier, 4392 mètres d'altitude, un stratovolcan de la chaîne des Cascades.

A peine descendues de la Smith Tower, vite, vite, des admirateurs nous attendent pour manger au restaurant. On a juste le temps de descendre quelques rues...


Pourquoi les Américains détruisent des beaux trucs pour en construire des plus moches, mais quand même laisser des traces du vieux beau pour qu'on soit bien dégoûtés?


C'est pas San Francisco, mais Seattle, ça grimpe tout de même parfois!
Nous avons rendez-vous dans un haut lieu touristique de Seattle, le Pike Place Market, un marché public et abritant sous ses halles des artisans et producteurs depuis 1907. Il est malheureusement fermé à cette heure. Nous sommes invitées par Jessica au Steelhead Diner, un restaurant gastronomique délicieux. Jessica est la meilleure amie de Catherine, la galeriste que j'ai connue à Brattleboro dans le Vermont, professeur de gender studies (étudiant notamment le féminisme) à la fac et grande francophile. Elle voulait absolument nous rencontrer pour parler français, art et culture. Ce ne sont pas des Américains comme on les imagine; Ethan, son fils de 25 ans, adorable, a déjà voyagé en Europe, vécu en Italie et s'apprêtait alors à entamer une mission de volontariat avec les Peace Corps pour mettre en place une agriculture durable dans un village du Mali... Il a même refusé de venir boire un verre avec nous car il s'occupait bénévolement d'enfants le lendemain matin. Ouf!
Une très bonne soirée, comme le montre notre tête réjouie ci-dessous.

Au restaurant avec Jessica, son mari et son fils Ethan.

Deuxième jour à Seattle: balade et shopping dans le quartier de Ballard, où nous logeons chez Marcia. Il y a des cafés bio, des terrasses, des magasins de fringues et de bijoux...Vous avez peut-être aussi remarqué que le temps est toujours splendide! Et il fait même très chaud! Pour changer, on commence la journée par manger!!
Le brunch au café bio Portage Bay!





Autre étape que nous voulons honorer: la visite du musée Experience Music Project ou EMP, qui mêle expositions ayant trait à la musique, la pop-culture et la science-fiction. Une sorte d'ovni muséal, posé depuis 2000 près de la Space Needle dans un complexe qui jouxte également le jardin exposant les œuvres en verre soufflé de l'artiste surdoué de Seattle, Chihuly (on en reparle plus tard à Montréal, vous verrez).

La Space Needle, symbole de Seattle: culminant à 182 mètres, elle a été construite pour l'Expo universelle de 1962.
Je dis ovni car l'architecte s'appelle Frank Gehry (l'auteur du musée Guggenheim de Bilbao) et qu'il a décidé, afin de concevoir un bâtiment à la mesure de l'esprit rock'n'roll, d'acheter des guitares, de les exploser et d'en faire ensuite une maquette qui traduise l'expérience procurée par la musique. Il est difficile d'appréhender cette architecture polémique en tant que piéton, sans considérer le projet dans sa globalité, toujours est-il qu'il est rare de croiser des musées rose et bleu ou encore de voir une ligne de métro aérien en traverser la structure.

Une vue de l'EMP où l'on aperçoit les rails du métro aérien passant entre deux éléments d'acier et d'aluminium.

L'intérieur du musée: impressionnant, mais peu fonctionnel, j'ai mis environ 15 minutes à trouver le vestiaire, et je ne me suis pas gênée pour le faire remarquer!!



Dans le hall, on sent qu'on arrive dans l'antre du geek, qu'il soit fan de SF, de grunge, de films d'horreur ou de jeux vidéos. Est-ce que m'être assise dans cette chaise me portera bonheur ou malheur??
L'une des œuvres les plus intéressantes est cette immense sculpture de guitares photographiée à outrance par les groupes scolaires et autres visiteurs: IF VI WAS IX est l'oeuvre du sculpteur sonore Trimpin qui a réuni plus de 500 instruments ainsi que 30 ordinateurs qui dirigent des guitares robotiques jouant des motifs musicaux préprogrammés qu'on peut écouter au casque. 




L'une des guitares robotiques.
Tant de choses à découvrir en 2 heures qu'il faut faire des choix: il y a des retransmissions de concerts sur écran géant dans la SkyChurch, un laboratoire pour jouer de la musique, une présentation passionnante de l'histoire de la guitare, une expo sur l'univers de la fantasy dont voici quelques morceaux choisis, spéciale dédicace à ma sœur!


Le synopsis de Dark Crystal par Jim Henson, et l'élaboration des langues utilisées dans ce chef d'oeuvre de l'animation.

Un représentant du peuple des Mystics dans Dark Crystal.

Le costume de David Bowie dans Labyrinthe (le film qui m'a fascinée enfant est aujourd'hui bien dépassé).

Et les costumes des personnages de Princess Bride!!

Mais aussi une expo sur Jimi Hendrix, l'un des enfants de Seattle...Mais moi, évidemment, je me suis intéressée à l'autre gaucher de la ville, Kurt Cobain, et à son groupe, Nirvana. Ce n'est pas en France que l'on trouverait une exposition permanente sur Nirvana appelée Taking punk to the masses. Je connais évidemment par cœur l'histoire du groupe qui a bercé mon adolescence, alors je me suis délectée des objets originaux parfois prêtés par les membres du groupe eux-mêmes, très intimes et personnels. J'ai été très émue de me remémorer tout ça, preuves physiques à l'appui: guitares détruites par le groupe, setlists, affiches de concert dessinées par Kurt lui-même, photos, lettres de réponse aux fans, maquettes de pochettes, décors de scène, vêtements...


Premières démos de Nirvana.

La maquette du premier album, Bleach.

Le groupe sur le ferry entre la France et l'Angleterre lors de leur première tournée européenne.

Lettre-type envoyée aux fans de la première heure.

Guitares explosées.

J'ai écrasé une larme devant ce gilet: cela fait tout drôle de voir en vrai des effets personnels portés par son idole dans les magazines et les vidéos qu'on a regardés un million de fois pendant son adolescence...
La genèse de la pochette du succès interplanétaire Nevermind: j'aime beaucoup les annotations "on peut enlever le sexe du bébé ou le fond de la piscine si ça pose problème".


Allez les fans, vous la reconnaissez?? C'est la setlist du concert Unplugged in New-York!

Je garde le meilleur et le plus impressionnant pour la fin. Ci-dessous une photo de Kurt et Krist Novoselic passant leur tête dans un panneau pour jouer au cow-boy et à la fille de saloon. 



Là je vous demande d'être attentifs et de faire appel à votre bonne mémoire. Rappelez-vous, le voyage en bus Greyhound entre Banff et Vancouver, 5 jours auparavant...Rappelez-vous l'arrêt à Revelstoke, au Frontier Motel...Rappelez-vous cette photo...



Ca y est, ça vous revient? C'est exactement le MEME panneau!!
La groupie qui sommeille en moi n'arrive toujours pas à s'en remettre: je me suis arrêtée exactement sur la même aire d'autoroute que Kurt Cobain à 12 ans d'intervalle, sans le savoir, et je ne l'ai découvert qu'en voyant ces photos à l'EMP, seulement 5 jours après mon passage sur cette aire. What are the chances?? Incroyable!!

Bon c'est pas tout ça, il est temps de retourner au Canada!