31.5.13

Tous mes amis sont morts

Jour 2 à Calgary: c'est le grand départ pour Drumheller, le Jurassic Park local! Une journée bien remplie de découvertes épatantes et de paysages fantastiques dignes du Far West.

Première location de voiture:le GPS qui nous a permis de sortir saines et sauves de Calgary nous indique "Continuez 100 km tout droit et tournez à gauche". Ça va,on est tranquilles!

Une route tou-te droite (spéciale dédicace à Sév) dans les prairies canadiennes.  Parfois, il y a une grange.

C'est d'abord plat, puis plat, et encore...plat!
Ce qui nous aura frappées tout au long de ce voyage, c'est évidemment l'immensité des paysages canadiens. Cela paraît être un cliché de le dire, mais où est-il encore possible en Europe de faire des kilomètres sur la route et de croiser 30 véhicules dans la journée? De rouler à travers champs sans voir ne serait-ce qu'une habitation ou une ferme? Tous les ingrédients sont présents pour fantasmer et imaginer les premiers habitants ainsi que les pionniers apprivoisant ce continent neuf.
Nous nous dirigeons tout droit (haha) vers les Badlands, aussi surnommées Dinosaur Valley, à 138 km au Nord-Est de Calgary. "Quoi??" me direz-vous, "Une vallée dans les prairies, qui arrive comme ça sans crier gare??". Eh oui, exactement! C'est la Red Deer River qui l'a creusée, mettant au jour, par la même occasion, parmi les restes paléontologiques les plus significatifs du monde. L'histoire commence il y a environ 100 millions d'années, quand les Rocheuses se sont formées et que de grandes quantités d'eau, de sable, d'argile et de vase ont été transportées vers l'Est et se sont superposées. Il y a environ 75 millions d'années, et c'est difficile à imaginer aujourd'hui, la région des Badlands était une terre luxuriante, une zone humide au climat quasi tropical où proliféraient des tas d'espèces animales, dont beaucoup sont mortes suite à des inondations et ont été enterrées dans les sédiments. On fait un bond 15 000 ans en arrière: c'est la fin de la dernière ère glaciaire et l'érosion par l'eau et le vent commence à faire son travail dans la région, laissant derrière elle un paysage lunaire, mais aussi des centaines de fossiles de créatures du Crétacé, retrouvées sur une bande de 120 km autour de la rivière.

On rigolait avec Magali :"où sont donc les Badlands?!". Eh bien, ça commence là, tout de suite!
Les scientifiques ont poursuivi les fouilles suite à la découverte des premiers os de dinosaures en 1884, par l'un des assistants de Joseph Burr Tyrrell. 100 ans plus tard, un musée sur site, présentant le plus de spécimens au monde et portant le nom du scientifique, a ouvert à Drumheller. Il est alimenté par cette vallée unique au monde, où les squelettes de 300 dinosaures de 35 espèces différentes ont été retrouvés, pour certaines retrouvées nulle part ailleurs sur la planète. Les paléontologistes ont également eu la chance de retrouver dans la vallée des impressions de peau, des œufs, des empreintes ou encore des excréments, ainsi que des fossiles d'insectes, de poissons, de reptiles ou de crocodiles. Et pour couronner le tout, le Royal Tyrrell Museum est un trésor didactique et ludique pour faire découvrir la paléontologie aux petits et aux grands, avec fenêtre ouverte sur le travail scientifique en cours littéralement sous nos pieds. On y a passé plus de 3 heures les yeux ébahis: suivez le guide!

L'Edmontausaurus n'a pas l'air commode!

Grrrr

Des installations ludiques permettent de comparer le développement d'un être humain, d'un crocodile et d'un dinosaure.



On peut construire son propre squelette de dinosaure grâce à ce puzzle interactif.

Des panneaux passionnants s'adressant à tous les goûts et toutes les tailles (notez les interactions pour les tout-petits en bas).

Des manettes, des boutons, des ordinateurs: il me faut au moins ça pour m'intéresser à la science!

Qui a dit qu'un fossile ne pouvait pas être esthétique? Une ammonite.

Ultra impressionnant le squelette de T-Rex retrouvé dans les Badlands.

Je pensais qu'un T-rex m'effraierait davantage...
On se sent tout petits...


Aussi coupantes que des rasoirs les griffes de ces bêtes.

Une salle du musée reprenant l'esthétique des musées d'art en encadrant les squelettes.

Un de mes préférés: le dinosaure à plumes!

Dans le hall des dinosaures: les squelettes sont remis en contexte grâce à des dioramas.

Dans le hall des dinosaures.

Dans le hall des dinosaures.

Voilà enfin l'âge de glace, son mammouth...

...et son tigre à dents de sabre.
Après la visite du musée, nous cheminons sur le parcours d'interprétation qui surplombe le musée dans ce territoire surprenant et majestueux, qui rappelle à échelle réduite les canyons étasuniens. 



La fragilité de la terre.

Le musée se camoufle dans le paysage.
Les différentes couches géologiques sont étonnamment visibles dans ces collines façonnées par l'érosion: les couches de grès blanc correspondent aux sables déposés par les rivières; la vase et la boue provenant des inondations forment des couches gris-brun; les végétaux des anciens marais s'étant décomposés ont été compressés pour former ces bandes de charbon noir; enfin, des réactions chimiques au sein des couches de sédiments ont permis la formation de ces gisements de fer allant du brun-rouge au violet-noir.







Un début de formation de cheminées de fées.




Les deux cheminées de fée ou hoodoos les plus remarquables du parcours. Attendez de voir ceux qu'on a vus ensuite!


Malgré le ciel bleu, ça caillait bien ce jour-là!

A quelques kilomètres du musée, Little Church (la bien nommée petite église), souvent réputée pouvoir contenir des milliers de personnes...mais seulement 6 à la fois. Haha!




Notre voiture pour la journée...
Nous avons poussé jusqu'au Horse Thief Canyon (le Canyon du voleur de chevaux), qui tient son nom de l'époque où l'élevage de chevaux dans les ranches faisait la fierté de la région. Les chevaux avaient l'habitude de disparaître dans ce canyon pour réapparaître portant une marque différente...Troublant, non?




De retour à Drumheller, des dinosaures de pacotille égayent la ville. Ici, Denver, le dernier dinosaure.

Il y a même le plus grand dinosaure du monde, un T-rex plus grand que nature dans lequel on peut monter!

C'est un petit livre sympa sur l'amitié.

22.5.13

Jour de neige

Ce lundi 28 avril est certainement le jour le plus pourri de nos vacances côté météo! Nous quittons Edmonton tôt le matin pour Calgary, et force est de constater qu'il neige...Magali me remercie de lui avoir conseillé d'emporter ses vêtements chauds. Après presque 4 heures d'une route droite dans les prairies, arrivée à Cowtown par un froid de canard: ah, ce maudit vent!

Il gèle.
Et même qu'il reneige!
Direction le site de fondation de la ville, Fort Calgary. C'est ici que la Police montée du Nord-Ouest a construit un fort en 1875 à la confluence des rivières Bow et Elbow (retenez la première, on aura l'occasion d'en reparler). Il ne reste plus grand chose à part des reconstitutions d'anciens baraquements et de leurs intérieurs, il s'agit plutôt d'un centre d'interprétation, mais c'est une bonne manière d'en apprendre davantage sur l'histoire du Canada quand on est néophyte (surtout avec des panneaux rappelant Facebook, très ludiques et didactiques, voir posts précédents). La police montée est une organisation paramilitaire qui a été créée par le gouvernement canadien afin d'établir la souveraineté canadienne, de mettre fin au commerce du whisky (les compagnies de traite établies par les Européens échangeant contre des fourrures de l'alcool ayant des effets dévastateurs sur les Premières Nations) et créer des alliances avec les Indiens pour préparer la signature des traités, et par-là même l'installation sur les terres de l'Ouest Canadien. Le Fort fut un centre actif de 1875 à 1914, date à laquelle le site a été vendu à la Compagnie de chemin de fer du Pacifique et enseveli sous des rails jusqu'à sa réhabilitation dans les années 70. Petit aparté: la construction du CPR (Canadian Pacific Rail ou Compagnie de chemin de fer du Pacifique) est un événement à la mesure des immenses territoires du Canada, puisque cette route ferroviaire a permis de relier les deux côtes du pays, de l'Atlantique au Pacifique en seulement 4 ans (de 1881 à 85).

Fort Calgary. Statue de Macleod, commandant de la garde montée ayant donné son nom à la ville.
Buffy, le bison d'Amérique du Nord, symbole du centre d'interprétation. Cet animal, dont on comptait 50 à 70 millions d'individus au 19ème siècle, a été presque totalement décimé pour sa peau et sa viande par les colons Européens. Ce fut une tragédie pour les Amérindiens dont la vie reposait sur l'exploitation (mesurée) du bison. Quelques spécimens ont permis sa survie en captivité. Ils sont aujourd'hui au nombre de 800 000 environ.

Un moulin, comme dans les westerns.

Il pèle toujours! Heureusement, la neige tombée ne tient pas!

Downtown vu depuis les baraquements du fort.

Même les oies ont envie de migrer tellement il fait froid.

L'Hôtel de Ville de Calgary, 1911.

Olympic Plaza et Calgary Tower en arrière-plan.

Cette place a été construite pour les JO d'hiver de 1988 afin d'accueillir les cérémonies de remise des médailles.
 Quel uniforme me va le mieux??!



Il est temps d'aller se réchauffer. Magali veut, malgré ma mise en garde, goûter une boisson typiquement canadienne, j'ai nommé Clamato. Comme son nom l'indique, il s'agit d'un mélange détonant de jus de tomate et de jus de palourde, né de la volonté de ne pas jeter à perte le jus des coquillages. Ce cocktail est en général assez épicé, mais à la différence de Magali et à mon grand étonnement (sur le papier, ça paraît tout de même dégueulasse), j'ai plutôt bien aimé!

Le fameux Clamato, avec la crevette qui va bien!
Nous finissons la journée avec nos hôtes Couchsurfing chez qui j'avais déjà logé en janvier avec Julia, Danielle et Andrew. Ils nous ont invitées dans un très beau restaurant mexicain (une des spécialités qui me manquera sûrement à Nantes...), où la serveuse a même concocté  à notre  table et sous nos yeux ébahis un guacamole avec mortier et pilon (l'équivalent du steak tartare de La Cigale).