16.5.13

Girl power

Avant de reprendre le cours de mes voyages, petite parenthèse sportive à Edmonton. Cela faisait quelques mois que je voulais assister à un match de roller-derby, une institution du sport féminin en Amérique du Nord. C'est chose faite en ce 20 avril en compagnie d'Emeline et Etienne, un couple de Lyonnais, et Mélisa, une de leurs amies québécoises.
Une autre raison est que ma collègue d'origine colombienne Sandra vient d'être admise dans l'une des équipes jouant ce soir-là, Las Pistolitas, et qu'elle est aussi la prof d'espagnol d'Emeline (pour une fois, ce n'est pas le hasard, c'est moi qui les ai mises en contact haha!!).

Les arbitres préparent leur plan d'attaque.

Je vais ici essayer de résumer le contexte et les règles du roller-derby (d'abord assez obscures), très peu connus hors des pays anglophones. Il s'agit d'un sport qui se pratique en patins à roulette (donc pas de rollers en ligne!) sur une piste ovale,  le but du jeu étant pour l'un des joueurs de réussir à dépasser en un laps de temps donné les joueurs adverses sans se faire projeter au sol ni sortir de la piste. C'est un sport à prédominance féminine (pour une fois!) même si des équipes masculines existent, et dans lequel les joueuses défendent un certain féminisme. Leurs surnoms, costumes et maquillages sont influencés par le punk, le rockabilly et les films d'horreur. Sandra porte par exemple le surnom de Bohemian Nightmare et les joueuses portent des minishorts sur des bas résille déchirés, des bandanas ou des peintures de guerre blanches et noires assez effrayantes!


Les Berzerkhers en bleu et Las Pistolitas en rouge sont prêtes à en découdre après avoir écouté l'hymne national O Canada tête nue.
Il s'agit d'un sport très récent, né aux USA dans les années 30 et déjà presque disparu dans les années 80. Il renaît dans les années 2000 pour générer des ligues dans tout le pays, puis au Canada et au Mexique, pour enfin s'exporter au-delà des océans. Il reste du boulot, car en France le roller-derby n'est pas encore reconnu officiellement malgré environ 1000 joueuses sur tout le territoire...Je viens de découvrir l'existence d'une ligue à Nantes, avec notamment les équipes "Queen Anne's revenge" et "Les Duchesses"!! Je vous mets un lien vers leur site qui explique bien les règles.


Premier tour de piste.
Le roller-derby est à la fois un sport de vitesse et de contact: avant d'assister à un match, je pensais d'ailleurs que j'allais juste voir des filles se bastonner. Mais c'est plus que cela évidemment!

Chaque équipe est composée de 14 filles. L’équipe qui a emporté le plus de points à la fin d’un match gagne.Un match est divisé en deux périodes de 30 minutes. Chaque période est divisée en « jam » (une partie de jeu) qui dure maximum 2 minutes


Lors d’un « jam », chaque équipe aligne quatre « bloqueuses ». Les huit bloqueuses (quatre de chaque équipe) patinent en formation serrée autour de la piste et forment ce que l’on appelle un « pack ». Derrière elles, il y a les «jammeuses » (une de chaque équipe), qui portent sur leurs casques une sorte de bonnet de bain arborant une étoile et permettant de les reconnaître. Ce sont elles qui marquent les points, leur but étant de dépasser le peloton des bloqueuses essayant de...les bloquer bien sûr!! Les jammeuses sont en général choisies parmi les plus rapides de l'équipe. Vous entendrez des encouragements pour Twiggy (qui veut dire "brindille") dans les vidéos d'ailleurs, une jammeuse rapide étant en général grande et mince.

Un premier coup de sifflet lance le départ du pack, puis un deuxième pour les jammeuses. Les jammeuses font la course pour dépasser le pack une première fois, à ce moment aucun point n’est marqué. Elles continuent à faire la course autour de la piste et essaient de nouveau de dépasser le pack, cette fois-ci pour marquer des points. Les jammeuses marquent un point par adversaire dépassée, dans la limite de la piste et sans faire de fautes, donc elles peuvent emporter 4 points maximum par passage dans le pack. 

La première jammeuse à franchir le pack de manière légale lors du premier tour, remporte le titre de « lead jammeuse » pour toute la durée du jam. Celle-ci gagne un avantage stratégique très important: elle est la seule à pouvoir arrêter le jam avant la fin des 2 minutes (en tapant sur ses hanches), et donc empêcher la jammeuse adverse de continuer à marquer des points en dépassant le pack.

Un match est encadré par 7 arbitres sur patins à roulettes et 13 officiels à pied. Ils sont là pour compter les points, annoncer le départ et la fin des jams, mais surtout pour s’assurer du bon déroulement du jeu et de distribuer des pénalités aux joueuses. Au Roller Derby, beaucoup de choses sont permises (et tomber sur du ciment, ça doit faire mal, très mal) mais il est interdit d’effectuer des croche-pieds, de bloquer dans le dos, de tomber volontairement (ou dangereusement) devant une autre patineuse ou encore d’utiliser les coudes.


Je vous laisse avec quelques vidéos enflammées où vous devriez retrouver la brutalité du jeu et la frénésie des encouragements. Je sais que les règles ne sont pas évidentes, mais repérez le casque à étoile et voyez comment elle essaie de dépasser les autres joueuses, ce sera déjà un grand pas vers une meilleure compréhension du roller-derby!!
Et au fait, ce sont les Berzerkhers bleues qui ont gagné le match cette fois-là!



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