10.6.14

Royal de Luxe: les choses en grand

Le weekend dernier à Nantes: la Coupe du Monde de foot diffusée sur grand écran?...


Encore une manif anti-aéroport?...

 

Les intermittents du spectacle ont rassemblé des milliers de personnes sur le parking Gloriette?


Rien de tout cela! Il s'agit du retour de la compagnie de théâtre de rue Royal de Luxe qui présente sur 4 jours son nouveau spectacle, le Mur de Planck.


Royal peut bien cumuler un tas de défauts que ses détracteurs savent mettre en valeur (culture un peu trop pour tous, très subventionnée - c'est vrai-, grand guignol vide de sens pour certains extrémistes), on ne peut nier le fait que la troupe de Jean-Luc Courcoult rassemble tout le monde, petits et grands, proches et éloignés de la culture, plus de 500.000 personnes, murmure-t-on après ce weekend de folie, rassemblées dans les rues où on ramasse encore quelques confetti, comme après carnaval.
Une grand-messe qui fait couper les lignes de tram, ralentir la circulation, courir les gens en tous sens sans que ça râle, c'est tout de même incroyable.
Même si je considère les Géants moins créatifs que La révolte des mannequins en 2008 (les vitrines des magasins de Nantes animées tous les jours par des mannequins trash), ils distillent leur dose de magie et de prouesses techniques. 
Cette année, exit la Petite Géante et son tonton mexicain, place à des personnages que je ne connaissais pas, le Petit Géant venu d'Afrique (que j'ai malheureusement peu vu) et la Grand-Mère, nouvelle création très réaliste malgré une déception: son corps et son visage sont façonnés dans une sorte de silicone et non dans du bois.

Au loin, Grand-Mère arrive en courant après son fauteuil.

Le fauteuil de Madame.

Mais elle marche!
J'ai eu la chance tout à fait par hasard de me retrouver face à la Grand-Mère pile au moment où les Lilliputiens de Royal de Luxe, en livrée de velours rouge (sous un soleil de plomb à 25 degrés tout le weekend, ça devait être sympa...), ont passé l’aïeule de la position assise à la position debout. Dix minutes d'une précision d'orfèvres, avec des cordes tirées, des leviers actionnés, des grues qui s'animent, un travail orchestré par un chef armé d'un porte-voix.


Mamie va bientôt se lever.


Quelles belles charentaises!


Le chef d'orchestre des manips.

Toutefois, quand je regarde certains compte-rendus dans la presse de ce weekend, je ne peux pas m'empêcher d'être envahie par le sentiment d'avoir loupé quelque chose. C'est presque trop énorme, on ne peut pas tout suivre, être partout, faire 2 mètres et être au-dessus de la foule, et donc comprendre et envisager le spectacle dans toutes ses dimensions. Exemple: les moments où la grand-mère se désaltère au whisky, lâche un pet ou raconte ses histoires, ou celui où le Petit Géant s'endort ou entame une course sur le cours des 50 Otages dans un bolide imaginaire. Tout ça, je l'ai raté. Bien sûr, je ne pouvais pas être partout tout le temps, à moins d'y consacrer mon weekend, mais j'aurais bien aimé être émue par la rencontre entre Mamie et le Petit Géant, comme une réconciliation entre deux continents, une résonance de la traite négrière au départ de Nantes et de la confrontation de la ville à son histoire...?

Mains et visage très réalistes, avec même un poil sur le menton!


On lui ajoute sa canne pour une marche plus assurée.

Mamie va un peu plus vite en paradant dans son fauteuil.


Je n'ai aperçu le Petit Géant que furtivement dans les rues du Bouffay, où il a baladé sa carcasse dégingandée de marionnette faite de bric et de broc sous les applaudissements du public; un Petit Géant qui paradoxalement fait plus âgé que la Grand-mère: il en a déjà vu du pays après tout!


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