6.7.13

Petite parenthèse en prise avec le présent: Belle and Sebastian were in Montreal!

Des mois que j'attends ce moment et que j'ai pris mon billet dans une des loges de la salle qui accueille d'ordinaire ballets et opéras au sein du complexe de la Place-des-Arts à Montréal. Cela fait 7 ans que la ville n'a pas accueilli les Ecossais, et 7 ans que je les ai vus pour la dernière fois dans une ambiance moins intime à la Route du Rock.
C'est toujours un immense plaisir de spéculer sur un live de B&S, sachant qu'ils ne sont en général pas avares de raretés et d'anciens morceaux, et que c'est l'un des rares (seuls?) groupes à changer de setlist tous les soirs, réservant donc surprises et émotions. Les morceaux joués ne sont ainsi pas les mêmes à Québec jeudi pour l'ouverture de leur tournée nord-américaine et à Montréal le lendemain. Quand on sait en plus que le groupe n'a pas composé de nouvelles chansons mais annonce plutôt la sortie d'une compilation de raretés et b-sides pour la fin août, on salive d'avance (comme le fera remarquer Stuart Murdoch pendant le set, un groupe considère en général ses chansons les plus récentes comme ses meilleures, ce qui n'est pas toujours vrai! Et affirme sans complexe qu'ils ont choisi de jouer des anciens morceaux...car ils n'en ont pas de nouveaux!!). 

Le live de Here we go magic en première partie ne me laisse pas un souvenir impérissable et j'attends d'en découdre avec l'un de mes groupes favoris depuis plus de 10 ans: les journalistes québécois les ont trouvés tièdes et peu inspirés la veille, alors devant une salle assise, je crains le pire. Heureusement pour nous, il semble que nous n'ayons pas vu le même groupe (ou que nous n'ayons pas les mêmes valeurs comme dirait l'autre!). Le set d'hier soir n'aurait pas pu être plus endiablé et plein d'une joie communicative: c'est parti pour 1h30 de bonheur!

Le petit gilet à ronds de cuir de Stuart!

Alors que le premier groupe déclenche des applaudissements déjà fournis, l'applaudimètre fait littéralement un bond lorsque les lumières s'éteignent vers 21h: le groupe culte de Glasgow est attendu de pied ferme par les Montréalais et commence sur les chapeaux de roue par un instrumental (Judy is a dick slap) puis les non moins énergiques I'm a cuckoo et Another sunny day. La joyeuse troupe prend le temps de converser avec le public entre les morceaux. Stuart Murdoch nous fait rapidement part du plaisir qu'ils ont à être là et la violoniste Sarah Martin se fait même l'interprète en français pour les premières phrases. Stuart s'émerveille du chic de la salle et fait éclairer les derniers balcons: "Vous avez dû acheter vos places cet après-midi.! J'espère que vous avez eu un rabais!" Ce n'est qu'un petit aperçu des facéties du sieur Murdoch qui sous ses airs timides est un vrai bavard aux talents comiques en plus d'être un showman dansant sur scène. On l'oublierait presque en écoutant les chansons pop du groupe et en voyant sa silhouette frêle. Il laisse vite tomber la veste et le gilet à coudières pour arborer un intemporel ensemble T-shirt blanc pantalon noir, comme un clin d’œil à ses débuts dans les années 90.

Stevie est toujours aussi élégant!


D'ailleurs, c'est très vite que le groupe vient piocher dans son répertoire de la décennie 90:  ils assènent The stars of track and field, un des points culminants de leur inoubliable et parfait album If you're feeling sinister de 1996. Dès les premières notes, me voilà transportée à l'été 2001 à Paris, quand j'écoutais enfin en boucle B&S après avoir fait de la résistance pendant des années. J'avoue, je n'ai pas pu retenir mes larmes...
En parlant de souvenirs, Stuart a besoin de quelqu'un qui se rappelle de vieilles paroles qu'il a soi-disant oubliées: une fan vient piquer le micro de l'élégant Stevie Jackson pour interpréter la partie parlée de Dirty Dream #2. Stevie, qui esquissera quelques mesures de jazz en un clin d’œil amusé au Festival de Jazz dans le cadre duquel ils jouent à Montréal, reprend de la voix pour chanter To be myself completely et interagit avec Stuart au gré de ses remarques inspirées.
Encore une fois, je regrette de ne pas avoir eu de place dans le parterre: une heureuse élue aura la chance d'appliquer du mascara au chanteur (qui a rajouté un chapeau melon à sa panoplie) pendant la magnifique Lord Anthony, qui conte les mésaventures de ce jeune homme ambigu à l'école. 

Stuart et son fameux chapeau melon après séance de maquillage.

Stuart continue à nous raconter sa vie: il nous entretient de sa promenade dans le quartier chic de Montréal le jour-même, ce qui lui a inspiré un hommage à Leonard Cohen, enfant de Montréal. Il nous récitera même un de ses poèmes, accompagné par les autres instrumentistes et le quatuor à cordes présent sur scène avant d'entonner un Piazza New-York Catcher plébiscité. A ce stade, chaque fin de morceau provoque un tonnerre d'applaudissements et des hurlements qui n'en finissent plus. 
Mon cri est spontané lorsque Stuart, installé au piano, annonce l'un des morceaux préférés de Stevie: The Model. Vous aurez compris que j'ai les mêmes goûts que le guitariste. Et comme j'en avais fait la requête le jour-même sur leur page Facebook, j'aime à penser qu'ils ont exaucé mon souhait. Sautillant sur mon siège,je ne pouvais pas être plus heureuse de chanter les parties avec Stevie sur cette chanson.  



Stuart dansait tellement qu'il en est flou!

Et ce n'est pas fini car Stuart annonce un changement de ton "peu subtil" avec le morceau enlevé Your cover's blown. Ce ne seront à partir de là qu'échanges et communion jouissive entre un groupe et ses fans, ces derniers étant invités à venir danser et chanter sur scène ou sur les côtés, comme autant de "go-go danseurs" selon Stuart! Pour I didn't see it coming (seul morceau extrait de leur dernier album Write about love), la voix cristalline de Sarah est accompagnée des danses enjouées de dizaines de spectateurs sur scène.






Ça se lève et ça tape des mains dans les gradins, si bien que pour achever The boy with the arab strap a cappella, Stuart nous encourage gentiment à claquer des doigts (ça fait moins de bruit!). La ferveur se poursuit sur les entraînants Legal Man et Judy and the dream of horses.
Il partent après un salut et reviennent devant un public déchaîné pour jouer Get me away from here I'm dying, seule chanson du rappel malheureusement. On n'a au contraire aucune envie qu'on nous sorte de cette salle où on mourrait bien après avoir vécu ça, on a tous des sourires béats sur le visage et on cherche à étreindre son prochain, une Belle ou un Sebastian dans l'assemblée.

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