4.9.11

Amours imaginaires

C’est l’histoire de Marie et Francis : ils tombent amoureux du même garçon, Nicolas, un ange sosie de notre Louis Garrel national (le vrai Louis viendra d’ailleurs faire une courte apparition dans le film). On pense aux Chansons d’amour pour cette raison, mais également pour l’importance de la musique (Dalida, The knife…) associée aux images soignées, les références mode et intellectuelles, voire un brin poseuses.
Mais Dolan accorde aussi beaucoup d’importance à l’esthétisme. Il filme les nuques, les dos ondulant sous l’effet d’une marche au ralenti, faisant miroiter des couleurs chatoyantes et des costumes sortis d’un autre temps comme en prise avec un revival 80’s en vogue. Dolan fait des parallèles entre les personnages et les œuvres d’art lorsque Nicolas devient soudain David, une statue de Michel-Ange aux boucles blondes. Malgré une grande attention accordée aux face-caméras, où des anonymes nous racontent leur dernière déception amoureuse, tantôt drôles ou touchants, tantôt lourds et inutiles, l’accent québécois est souvent charmant, et pour nous Français ô combien exotique lorsqu’il nécessite même un sous-titrage.
Et là où Xavier Dolan touche, c’est lorsqu’il nous fait partager des intermèdes charnels qui rythment le film de leur sensualité ; des gros plans d’une peau, d’un sein ou d’une main passés dans des filtres colorés. Ou encore lorsque le personnage sensible qu’il incarne – Francis – utilise, dans l’intimité froide d’une salle de bains, des petits bâtons pour certainement compter autant d’expériences sexuelles creuses et douloureuses, symbole de la défiance d’une jeune génération envers l’amour.

Aucun commentaire: